Depuis plusieurs années, les populations rurales du Gabon sont confrontées à une réalité douloureuse : les éléphants s’invitent de plus en plus souvent dans leurs plantations, détruisant cultures vivrières et moyens de subsistance. Face à cette crise, les autorités ont décidé d’agir, mais la solution mise en place divise encore.
252 clôtures électriques mobiles installées
Entre mars 2022 et juin 2023, 252 clôtures électriques mobiles ont été installées à travers le pays. Une initiative présentée comme un tournant majeur dans la lutte contre le conflit homme-éléphants. Mais sur le terrain, les résultats sont loin de faire l’unanimité.
Pour beaucoup de Gabonais, cette avancée reste modeste face à l’ampleur du phénomène. Les ressources financières allouées, bien que conséquentes, semblent mal utilisées selon plusieurs acteurs de la société civile. Ils dénoncent une solution inadaptée au contexte forestier du Gabon.
"Nous ne sommes pas au Kenya ni en Ouganda. Là-bas, ce sont des zones de savane. Ici, nous sommes dans une grande forêt tropicale, avec un éléphant très différent."
— Un représentant de la société civile
Une solution pensée pour d'autres écosystèmes
La principale critique repose sur le manque d’adaptation des clôtures électriques au type d’environnement gabonais. Les barrières utilisées dans des zones de savane, comme en Afrique de l’Est, ne fonctionnent pas aussi bien dans les forêts denses et humides du Gabon, où les éléphants sont plus nombreux, plus discrets et bien plus rusés.
L’éléphant de forêt n’est pas l’éléphant de savane. Son comportement, son habitat et sa manière d’interagir avec l’homme sont bien différents. D’où la nécessité, selon plusieurs experts, de repenser totalement les approches.
Des milliards investis, mais pour quels résultats ?
D’après les informations disponibles, près de 2 milliards de francs CFA ont été budgétisés pour lutter contre ce fléau. Pourtant, selon certains observateurs, ces fonds n’ont pas été orientés vers les vraies priorités.
"Au lieu de tout investir dans des clôtures, pourquoi ne pas consulter les communautés ? Elles ont des techniques répulsives traditionnelles qui ont déjà fait leurs preuves."
— Un citoyen engagé
Les communautés locales, qui vivent en contact direct avec les éléphants, auraient pu être mieux impliquées dans la recherche de solutions. Elles connaissent des méthodes naturelles, parfois très simples, pour éloigner les pachydermes : piments, cendres, bruits, abeilles…
Une situation encore tendue dans les villages
Entre 2016 et 2022, le Gabon a enregistré plus de 12 000 plaintes officielles liées aux dégâts causés par les éléphants, sans compter les nombreuses plaintes orales non documentées. Derrière ces chiffres, ce sont des familles entières qui voient leurs récoltes détruites, parfois en une seule nuit.
Ces pertes affectent non seulement la sécurité alimentaire, mais aussi la paix sociale dans les zones rurales. Le sentiment d’abandon se renforce, et certains villageois en viennent même à envisager des représailles contre les éléphants, malgré leur statut protégé.
repenser l’approche
Il devient urgent pour les autorités gabonaises de mettre en place une stratégie plus inclusive et adaptée. Cela passe par une meilleure consultation des communautés locales, une évaluation des solutions traditionnelles, et une adaptation des outils modernes aux réalités écologiques du Gabon.
Les clôtures électriques sont peut-être un début de solution, mais certainement pas la réponse complète. Pour préserver la faune tout en protégeant les populations, le Gabon doit inventer sa propre méthode, en harmonie avec son environnement unique.
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